samedi 16 septembre 2017

Lettre ouverte

Monsieur le président Faure Essozimna Gnassingbé.

Je me permets une fois encore, simple citoyen de prendre mon stylo pour coucher ces quelques lignes que j'ose croire par le biais de l'histoire voyagera jusqu'à vous.

Excellence Monsieur le president, on a coutume de dire que ce qui fait les grands hommes, c'est d'abord leur aptitude à prendre de la hauteur tout en restant avec la masse en vue d'apprehender ce que le commun ne voit pas et d'organiser avec prevoyance l'avenir pour le bien de tous. L'allegorie de la caverne platonicienne en est un exemple.

Monsieur le president, l'actualite de notre pays, le bien le plus precieux que nous avons en partage, l'or de l'humanite comme le dit notre hymne national nous inquiète et nous interpelle tous. De la plage de Lome au sommet de Dapaong, tous les enfants du Togo sont plongés dans une incertitude qui n'a de nom que la revision constitutionnelle, Constitution dont vous êtes le garant et qui vous donne une legalité en tant que premier citoyen. Je ne me permettrai pas de vous faire un cours sur l'importance de ce texte sachant que vous en êtes par essence le protecteur et le defenseur par excellence. Vous faire donc un cours sur ce sujet serait je le crois inopportun, pretentieux et denué de sens.

Excellence, notre pays est un et indivise. De quelque bord politique, religieux ou philosophique que nous soyons, nul n'est plus togolais que l'autre. Individuellement nous valons tous une voix qui vaut la peine d'être entendue, considérée et prise en compte.

Dans quelques heures, nous serons encore une fois de plus à la croisée de l'histoire. Le peuple ou du moins une partie du peuple à la tête duquel vous siegez descendra dans les rues, qui avec un drapelet, qui avec une pancarte, qui avec une chansonnette pour appeler a votre sens de la responsabilité pour initier les reformes constitutionnelles.

Sans pretention aucune, je peux imaginer toutes les manèges qui s'organisent çà et là autour de vous ces dernieres heures. Seulement, connaissant notre histoire commune et récente je crains que la tentation du facile, de la repression ne prenne le dessus et cela Excellence, ne peut et ne doit plus être une option.

Il y a deja assez de femmes qui vont au lit chaque soir sans leur mari tombé sous les balles d'un militaire. Il y a dejà assez de mère qui sont allées mettre en terre leurs enfants avec une poitrine trouée. Il y a énormement d'enfants qui ne pourront plus crier papa ou maman parce que les âmes fauchées par balles de ces derniers hantent nos ruelles. La Terre togolaise a assez bu du sang de ses propres fils et filles.

Monsieur le président, nous ne demandons ni le ciel ni les étoiles. Nous voulons juste pouvoir manger quand nous avons faim. Nous voulons pouvoir nous faire soigner quand nous allons mal. Nous voulons pouvoir étudier dans des classes en durs et avoir des enseignants heureux d'exercer leur metier. Aussi, voulons-nous pouvoir rêver et pourquoi pas aspirer à tenir les rennes du pouvoir.

L'histoire, Excellence, peut être cruelle et surprendre. Ne laissez pas les courtisans avides et insatiables vous conduire dans le mur. Vous avez encore et une fois de plus une belle occasion de rentrer dans l'histoire avec les honneurs contrairement a ce que les vautours du palais peuvent vous raconter mais vous, vous seul pouviez le faire.  Ne choisissez plus la facile option mais optez pour la voie de la raison et de la sagesse. 

Pour finir, Excellence Monsieur le president, regardez par vous même la germination des graines de la souffrance, de la privation. Elles montent en silence mais de façon certaine. Même si les chars arrivent une fois de plus à avoir raison de nous, vous ne pourriez plus arreter l'histoire qui est en marche.

Un citoyen qui continue de croire que le pire peut être encore évité.
(5 Septembre 2017)

"Il n y a ni blanc ni noir d'un coté seul ceux qui vitriolisent le comprendront"

Sosthène Houmey-Hakeh

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